terça-feira, 5 de outubro de 2010









Rio de Janeiro, correspondant
 Le charisme de la métisse Marina Silva, ancienne récolteuse de latex de l'Etat d'Acre, a contribué à ce que le Parti Vert devienne la troisième force politique du pays.
AP/Nelson Antoine
Le charisme de la métisse Marina Silva, ancienne récolteuse de latex de l'Etat d'Acre, a contribué à ce que le Parti Vert devienne la troisième force politique du pays.
Dix-neuf millions de voix. Tel est le score brillant et inattendu obtenu, dimanche 3 octobre, par Marina Silva, la candidate écologiste à l'élection présidentielle au Brésil.
Arrivée en troisième position derrière Dilma Rousseff, l'héritière politique du président Lula, et José Serra, le candidat social-démocrate, Marina Silva est éliminée de la course. Seuls ses deux adversaires restent en lice pour le second tour de scrutin le 31 octobre.
Mais son capital électoral vaut de l'or. A qui profitera-t-il ? Il est trop tôt pour le savoir. Au soir de sa défaite, qui n'en était pas une tant elle avait le goût de la victoire, Marina Silva s'est gardée de dévoiler son jeu.
Elle a seulement souhaité que le Parti Vert, sous la bannière duquel elle se présentait, organise une grande réunion "plénière" associant "les forces vives du pays". Manière de rappeler que son électorat déborde de très loin les frontières de l'écologie.
Marina Silva garde à l'esprit le long terme. Elle sait que les thèmes sur le développement durable défendus pendant sa campagne mettront du temps à pénétrer les esprits. Elle songe déjà à se représenter en 2014. En attendant, dans les jours qui viennent, elle va devoir manœuvrer finement pour valoriser au maximum ses 19 millions de suffrages au service de la cause qu'elle défend.
Afin de monnayer son soutien, elle est en mesure d'influer sur le discours que vont tenir Dilma Rousseff et José Serra au cours des quatre prochaines semaines. Donnera-t-elle finalement des consignes de vote ? Prendra-t-elle de la hauteur en laissant cette tâche au Parti Vert, qu'elle n'a rejoint qu'il y a un an ?
HOSTILE À L'AVORTEMENT
Pendant la campagne, Marina Silva a également blâmé ses deux rivaux, en déplorant qu'ils restent les défenseurs d'un modèle de développement en vogue au XXe siècle et, selon elle, dépassé. A priori, elle devrait plutôt pencher en faveur de Dilma Rousseff. Non pas à cause d'une quelconque solidarité féminine, car "Dilma", comme on l'appelle ici, fut, au poste de premier ministre officieux qu'elle occupait à côté de Lula, le principal obstacle aux exigences écologiques de Marina Silva, alors ministre de l'environnement. C'est la volonté de Dilma de mettre en œuvre rapidement une série de grands chantiers, fut-ce au prix de quelques entorses avec l'écologie, qui avait poussé Marina à la démission.
Ce qui rapproche Marina de Dilma, c'est le long compagnonnage de l'écologiste avec Lula. Elle a fait toute sa carrière dans les rangs du PT, le Parti des Travailleurs de Lula. Elle ne cache pas qu'elle est restée une "PT de cœur". Elle n'a en revanche aucune histoire commune avec José Serra.
Politiquement à gauche, Marina Silva est une conservatrice sur le plan des mœurs. Membre de l'Assemblée de Dieu, la plus grande église évangéliste du Brésil - plus de 11 millions de membres -, Marina Silva est, par exemple, franchement hostile à l'avortement.
Elle a bénéficié d'un transfert de voix en sa faveur des électeurs évangélistes qui craignent que Dilma Rousseff - qui pourtant s'en défend - libéralise l'interruption de grossesse.
Ecologistes militants, chrétiens conservateurs, jeunes urbains menant campagne sur Twitter : il y a de tout parmi les électeurs de Marina Silva. Il est possible qu'au second tour, ces voix s'éparpillent ou, pour les plus déçus, aillent gonfler l'abstention, déjà très forte au premier tour.
Jean-Pierre Langellier

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